Ateliers > Décentrer les études en danse : histoire et anthropologie des circulations

DÉCENTRER LES ÉTUDES EN DANSE :
HISTOIRE ET ANTHROPOLOGIE DES CIRCULATIONS

Organisation: Ivan Jimenez (Université Paris-Est Créteil) et Isabelle Launay (Université Paris 8).

Argumentaire:

Cet atelier a pour but de partager un état des recherches sur l’histoire et l’anthropologie des circulations en danse, en tant qu’elles permettent de décentrer les études en danse et l’historiographie. La proposition de cet atelier émane d’une collaboration étroite entre deux universités partenaires de l’Institut des Amériques – l’université Paris-Est Créteil (UPEC, laboratoire IMAGER, groupe CREER) et l’université Paris 8 (Laboratoire MUSIDANSE, équipe Danses, gestes et corporéités) – et le Réseau Descentradxs (Décentrer les recherches en danse).


D
ans un premier temps, considérant le territoire des Amériques dans son ensemble, il s’agira d’ouvrir la réflexion sur la portée épistémologique et politique des concepts de décentrement et de savoirs situés, dans une perspective transnationale et transdisciplinaire nourrie des échanges entre chercheurs/chercheuses en danse (histoire, anthropologie, esthétique) et spécialistes d’autres champs disciplinaires (arts, littérature, philosophie, entre autres). Dans un deuxième temps, compte tenu des enjeux épistémologiques et politiques soulevés par les études post-coloniales et décoloniales, par exemple, au sujet d’une modernité conçue selon une temporalité linéaire eurocentrique, un deuxième axe thématique est proposé autour des concepts de moderne/modernité, contemporain/contemporanéité, postcolonial/postcolonialité et décolonial/décolonialité.


Parfois critiquées ou interrogées, mais toujours à l’œuvre dans les histoires des danses scéniques dans les Amériques – Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud –, les catégories de danse moderne et de danse contemporaine sont de plus en plus situées dans des contextes locaux, en même temps qu’elles attirent l’attention sur les circulations gestuelles à travers les frontières nationales – par exemple, dans le cadre des formations ou des collaborations artistiques. Ainsi, des figures emblématiques des danses dites « modernes » en Europe et aux États-Unis ont laissé des traces visibles dans les paysages chorégraphiques des pays de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.


À propos de ces transferts gestuels, quelles approches critiques est-il possible de proposer aujourd’hui, du point de vue de la dissymétrie des rapports géopolitiques entre le Nord et le Sud ? Ailleurs, dans plusieurs pays africains tels le Niger ou le Sénégal, la catégorie de danse moderne fait aussi l’objet de plusieurs usages qui manifestent la construction d’une identité moderne/contemporaine mais non occidentale, en réactivant des liens historiques et imaginaires avec les Caraïbes. Comment déconstruire les essentialismes autour du moderne et du contemporaine
 ? Comment la question sur la modernité et sur la contemporanéité en danse croise-t-elle la question de l’identité nationale ? Comment s’énoncent et se matérialisent ces désirs de modernité ou de contemporanéité chez les danseurs et danseuses ? Quelles circulations gestuelles, quels processus d’identification et de désidentification, quelles idées du corps portent ces désirs de modernité et de contemporanéité ? Comment les pratiques en danse aident à contrer l’exclusion et l’invisibilité qui découlent des schémas perceptifs imposés par les centres hégémoniques ? De façon générale, quelles conséquences tirer de la problématisation de la “colonialité du pouvoir” (Quijano) dans les histoires décentrées des gestes dansés, en dehors du paradigme actuel d’un monde multipolaire ? 

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