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Conférences plénières > Deborah L. Nelson

 NOTRE MONDE PÉRISSABLE

Jeudi 2 octobre de 17h30 à 18h30

Centre des colloques, Amphithéâtre 250

Deborah L. Nelson est doyenne de la faculté des sciences humaines de l’Université de Chicago. Elle est responsable du recrutement et de l’administration du corps professoral, de la promotion des programmes d’études supérieures du premier et du deuxième cycle en sciences humaines. Elle s'occupe également de la gestion des ressources budgétaires et administratives nécessaires au soutien de la recherche en sciences humaines. Son livre Tough Enough: Arbus, Arendt, Didion, McCarthy, Sontag, Weil a remporté le prix James Russell Lowell de la Modern Language Association décerné au meilleur livre publié en 2017 ainsi que le prix Gordon J. Laing en 2019 qui récompense la contribution la plus remarquable aux Presses de l’Université de Chicago par un membre du corps professoral. Tough Enough a été traduit en espagnol, en coréen et en allemand et sera prochainement traduit en chinois et en turc. Deborah Nelson est également l’autrice de Pursuing Privacy in Cold War America et d’articles publiés dans PMLA, American Literary History, Contemporary Literature, Feminist Studieset dans plusieurs ouvrages collectifs. Elle a dirigé un séminaire financé par la fondation Mellon intitulé « @1948 » et a publié avec Leela Gandhi un numéro spécial de Critical Inquiry consacré au sujet. Elle est membre fondatrice du collectif de recherche Post45. Elle a été directrice du département d’anglais (2017- 2023), vice-rectrice aux études supérieures (2011-2015) et directrice du centre d’étude sur le genre et la sexualité (2006-2009). Elle a poursuivi son travail sur l’enseignement supérieur grâce à des subventions du NEH (Next Generation Implementation Grant) en 2016 et de la Fondation Mellon (Scholarly Careers Initiative) en 2018. Elle a été nommée en 2024 membre de l’American Academy of Arts and Sciences.

Conférence :

On a tendance à ne pas prêter attention au sous-titre du chef-d’œuvre d’Eric Auerbach, Mimesis. La représentation de la réalité dans la littérature occidentale, qui était, il aimait à le souligner, un « livre qu’une personne particulière, dans une situation particulière, a écrit au début des années 1940 ». Hannah Arendt, sa compagne d’exil, a décrit la situation en question comme suit : « La personne idéale pour un régime totalitaire est […] celle pour qui la distinction entre réalité et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire l’esprit critique) n'existe plus. » Cette intuition était partagée par d’autres : André Bazin a développé ses théories du réalisme cinématographique pendant la guerre dans un Paris occupé ; les néo-réalistes italiens en ont ensuite démontré la puissance ; Camus a intégré un argument en faveur du réalisme dans son roman La Peste. On pourrait multiplier les exemples. Mais ce n’est pas seulement dans le domaine de l’esthétique que le réalisme a trouvé ses défenseurs; le réalisme politique, le réalisme moral et le réalisme théologique se sont également développés en tant que conditions préalables à l’émergence d’ un nouveau monde d’après-guerre, encore inconnu. 

Les États-Unis ont, eux aussi, été le réceptacle de ces idées et contribué à cette entreprise collective. L’affirmation peut surprendre mais il apparaît en réalité que le réalisme a été l’exportation la plus réussie de l’Europe, celle qui a façonné la politique et la production artistique américaine pendant des décennies après la guerre d’une manière qui reste sous-estimée. Cette conférence s'efforcera non pas de définir ce qu'était le réalisme — un sujet débattu depuis soixante-dix ans déjà — mais de comprendre pourquoi il était important, quelles étaient les motivations de ses praticiens et de quelle manière il visait à restaurer et réformer les publics qui en étaient les récepteurs.

 

Discussion animée par Laure De Nervaux Gavoty (IMAGER, Université Paris-Est Créteil) 

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Deborah L. Nelson

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