GOUVERNEMENTS REPRODUCTIFS ET RÉPERTOIRES DE RÉSISTANCE DANS LES AMÉRIQUES
Organisation : Claire-Emmanuelle Block (Université Rennes 2 - Arènes), Gabriela Del Salto (Université Paris Nanterre - Cresppa) et Christen Bryson (Université Sorbonne Nouvelle).
Argumentaire :
L’actualité des droits reproductifs et sexuels dans les Amériques, dont le jalon le plus retentissant à l’échelle mondiale ces dernières années a été l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022, ne cesse de mettre en évidence la fragilité de ces droits et l’absence d’une justice reproductive pour les femmes, les personnes transmasculines et non binaires. Pour autant, des victoires en la matière ont dans le même temps été conquises par les mouvements féministes, notamment latino-américains, dont les symboles et les répertoires d’action connaissent des circulations transnationales, à l’image du foulard vert omniprésent dans les luttes pour les droits reproductifs et sexuels bien au-delà de l’espace continental.
Cet atelier entend ainsi explorer les contours du « gouvernement des conduites reproductives » (Morgan & Roberts, 2012) des femmes et des personnes pour qui la gestation est possible dans les Amériques depuis une perspective pluridisciplinaire. Nous nous proposons d’analyser et d’interroger les fondements, les modalités et les conséquences de la gouvernance reproductive dont les acteurs sont multiples (États, Eglises, institutions de santé et éducatives, ONG, fondations, ...) et dont les vecteurs peuvent prendre la forme de lois, de politiques publiques, d’injonctions, de rapports de soin et de violences. Face à cette biopolitique de la reproduction, il ne s’agit pas pour autant de nier l’existence de marges d’autonomie et d’interstices de résistance. Cet atelier a donc comme deuxième objectif de penser la variété des formes de résistances qui se traduisent par des actions visant à façonner à la fois une autonomie reproductive et une réappropriation des corps, de l’agentivité individuelle aux répertoires d’action des collectifs et réseaux nationaux ou transnationaux.
Cet atelier propose de rassembler des chercheurs et chercheuses abordant une diversité de questions liées aux biopolitiques de la reproduction et aux résistances à celles-ci : la contraception, l’avortement, l’éducation sexuelle, la stérilisation, la médicalisation des corps et de la procréation, les violences gynécologiques et obstétricales, la maternité. Ces questions seront analysées au prisme du genre, mais doivent nécessairement être appréhendées au croisement des divers rapports sociaux de domination (race, classe, orientations sexuelles et identités de genre, handicaps, âges, ...) dans la mesure où cette gouvernance de la reproduction ne s’exerce pas de manière uniforme sur l’ensemble d’une classe de sexe.